Cette catégorie regroupera tous les articles de la vie de Serge Gainsbourg
Les leçons de piano du père Joseph
/dans Biographie /par Vincent LeblancA l’âge de quatre ans on avait mis Jacqueline au piano. Le même scénario s’était reproduit pour Liliane et Lulu. En revenant de l’école, chacun a droit à une leçon d’une heure.
Prévoyant le coup, les trois enfants placent leurs mouchoirs à gauche du clavier : ils savent que chaque leçon se termine par des larmes. Si Lulu fait un fa au lieu d’un fa dièse, son père le reprend d’une voix forte et autoritaire : « Pourquoi as-tu fait ça ? » Lucien, dans un murmure : « Mon doigt a accroché » … puis il se met à pleurer, immédiatement imité par ses sœurs.
Souvenirs d’enfance
/dans Biographie /par Vincent LeblancLe petit Lulu est non seulement timide, comme ses deux sœurs, mais aussi trouillard. Quand il se couche, il n’a pas de chambre à lui et doit se contenter d’un lit pliant en fer dans la salle à manger.
Il appelle sa grande sœur pour qu’elle regarde si personne n’est caché derrière les rideaux. Son imagination travaille. Dès que les parents sont couchés, elle vient en douce et après avoir tout vérifié, ils commencent à chuchoter et à rigoler : invariablement, Jacqueline éclate de rire et Maman Ginsburg crie : «Voulez-vous vous coucher tout de suite!»
Premier contact avec le show-business
/dans Biographie /par Vincent LeblancA la maison, rue Chaptal, on écoute à la radio les pièces policières du vendredi soir mais pas les rengaines à la mode. Papa Ginsburg désapprouve : « Tu vas arrêter de chanter ces saloperies ! » intime-t-il à son fiston, qui parfois les fredonne.
Pour Joseph, la chanson est un genre populiste, rien à voir avec Stravinski, Milhaud, Chostakovitch, Chopin ou Debussy … « Dans le même temps, se souvient Liliane, nous étions accoutumes a entendre les succès de l’époque car mon père répétait à la maison le répertoire qu’il devait jouer dans les boîtes de nuits. »
Trenet, la guerre et cætera
/dans Biographie /par Vincent LeblancPendant ce temps, Joseph joue du piano dans les boîtes de nuit: il passe l’essentiel de l’année 1938 ainsi que les cinq premiers mois de 1939 chez Mimi Pinson, sans parler des cachets occasionnels. C’est un métier pas mal payé mais qui comporte quelques exigences.
Il faut par exemple jouer des airs à la demande, être capable d’enchaîner un prélude de Bach et « Les roses de Picardie ». Et puis il faut rester jusqu’au dernier client.
La drôle de guerre
/dans Biographie /par Vincent LeblancA Dinard, malgré une classe surchargée ( 44 élèves ), Lucien termine très correctement son année scolaire; son bulletin de fin d’année (1) nous apprend qu’il est 18e en français (14 de moyenne), 15e puis 14e en latin (14 de moyenne ), 12e puis 8e en grec (15 de moyenne), 1er en histoire ( 19,5 de moyenne, avec une pointe à 20/20 ! ), 2e puis 7e en anglais (16,5 de moyenne) et 5e en maths (1) . Bref, il est admis en 5e, sans observation.
En mai 1940, après huit mois de « drôle de guerre », les armées du Reich passent à l’attaque et entrent en France: après avoir conquis la Belgique et les Pays-Bas. Le 14 juin, les Allemands défilent dans Paris, alors que deux millions de réfugiés se jettent sur les routes fuyant l’envahisseur et les bombardements. Le 18, de Gaulle lance son fameux « Appel » sur les ondes de la BBC. Le 22 Pétain signe le honteux armistice à Rethondes.
Une enfance difficile
/dans Biographie /par Vincent LeblancLucien passe une année scolaire 1940-41 normale, en 5è, à Condorcet toujours, malgré un maître qui se révèle particulièrement désagréable en insistant lourdement sur son nom : Ginsburg, Ginsburg, Ginsburg…
Du haut de ses treize ans, avec ses boîtes d’aquarelles, ses crayons de couleur, ses fusains et ses pastels, tous achetés dans une boutique de la rue Chaptal, cela fait déjà un bout de temps qu’il montre des dispositions certaines au dessin et à la peinture.
Le port de l’étoile jaune
/dans Biographie /par Vincent LeblancPremière étape dans la mise en application en France de la solution finale, le port de l’étoile jaune est instauré dès le mois de juin 1942, par la 8è ordonnance du commandement militaire allemand.
Outre l’humiliation et la peur, cette mesure constitue une mise à l’épreuve des rapports des Juifs avec la société française : le port de la « Yellow Star (1) » revient à annoncer aux voisins, aux commerçants, aux passants que l’on croise dans la rue, qu’on est juif, qu’on est un paria.
Son complexe de laideur
/dans Biographie /par Vincent LeblancLes rafles se multiplient partout en France au cours du mois de juillet 1942. Puis, le 16, organisée par René Bousquet, c’est la rafle du Vel d’Hiv.
Dès 4 heures du matin, 4 500 policiers français reçoivent pour mission d’arrêter 27 361 Juifs apatrides de deux à cinquante-cinq ans pour les femmes, de deux à soixante ans pour les hommes. La Compagnie du métropolitain met à leur disposition 50 autobus, le lendemain, à 17 heures, ont été arrêtés 3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants.
Sa passion pour la peinture
/dans Biographie /par Vincent LeblancSa timidité, en revanche, ne s’arrange pas. Le moindre contact avec des inconnus le jette dans des affres dont le traumatisme va le poursuivre longtemps, si l’on en croit cette interview accordée au Quotidien de Paris en 1981…
Lucien a commencé la rédaction d’un journal intime
/dans Biographie /par Vincent LeblancLa répression policière et administrative, ainsi que l’action malfaisante des Milices, n’a jamais été aussi intense qu’en cette fin d’année :
Philippe Henriot, nouvellement nommé secrétaire d’État à l’information et à la Propagande, s’exprime désormais deux fois par jour au Radio Journal de France, où il est écouté par une grande majorité de Français, déversant les flots fielleux de son ardeur anticommuniste et de son hystérie antisémite. Entre-temps, Olia et les enfants ont été soulagés d’apprendre que Joseph est en sécurité du côté de Limoges.
La vie au Collège Saint-Léonard-de-Noblat
/dans Biographie /par Vincent LeblancLe soir je revis le dortoir. Il fallut se mettre au pied du lit, puis au signal du surveillant se déshabiller. C’était la première fois que j’allais dormir avec des inconnus. C’était la première fois que je me déshabillais devant n’importe qui.
Alors je dois dire que je me cachai. La lumière s’éteignit. Et la salle se trouva obscure.
La fin de la guerre
/dans Biographie /par Vincent LeblancDans la nuit du 26 au 27 février 1944, un courageux officier de la Royal Navy fait passer un messager de la Résistance, en mission secrète, de Dartmouth jusqu’en Bretagne. L’officier s’appelle David Birkin, futur papa de la petite Jane, qui naîtra le 14 décembre 1946.
Quant au messager, selon sa propre légende, il se nomme François Mitterrand (devenu président de la République, il fera attribuer la Légion d’honneur à David Birkin pour officialiser cet événement, à une époque où son passé sous l’Occupation lui cause quelque souci) …
L’académie Montmartre
/dans Biographie /par Vincent LeblancTandis qu’ Olia et les enfants reprennent possession de leurs pénates a Paris, Joseph choisit de travailler encore quelques mois à Limoges. Quant il remonte à Paris le 21 novembre 1945, de gros soucis l’attendent :
les résultats de Lucien, qui est retourné à Condorcet depuis septembre (classe 1 A 2), sont tout simplement désastreux.
Serge et la peinture
/dans Biographie /par Vincent LeblancSeptembre 1945, Lucien est effectivement inscrit comme élève libre de l’École nationale supérieure des beaux-arts, dans un atelier préparatoire d’architecture. Nouvelle initiation, à la rigueur cette fois, à la perfection du nombre d’or, à la beauté des lignes pures.
Mais l’année suivante, en maths, il est complètement largué, malgré les leçons particulières payées par son papa. Un bizutage sordide, lui qui a déjà tant de mal à tolérer la promiscuité, achève de le dégoûter. Au bout de deux ans, moins peut-être, il abandonne l’archi.
Serge rencontre Elisabeth Levitsky qui deviendra sa première femme en 1951
/dans Biographie /par Vincent LeblancAu printemps 1947, toujours à l’académie Léger, Serge rencontre celle qui deviendra sa première femme en 1951, Elisabeth Levitsky, une liaison qui devient plus sérieuse en octobre de la même année.
Au début, ça n’accroche pas : elle est belle, sophistiquée, il est intimidé et sarcastique … De deux ans son aînée (il a dix-neuf ans, elle en a vingt et un), Elisabeth, fille d’aristocrates russes immigrés, est mannequin de mode.
Ses débuts dans le métier
/dans Biographie /par Vincent LeblancDe côtoyer durant deux ans Serge Pludermacher, un bonhomme d’exception comme l’affirment les témoins, suscite une question : a-t-il eu ou non une influence sur Lucien Ginsburg ? Albert Hirsch en est convaincu : il se demande même si le futur Gainsbourg n’aurait pas choisi son prénom en hommage au père de Georges Pludermacher.
Apprentissage chez Madame Arthur
/dans Biographie /par Vincent LeblancA la rentrée 1954, Lucien remplace à nouveau son père, mais cette fois à Paris, dans le 18e, au cabaret Madame Arthur dont il devient le pianiste et chef d’orchestre (deux autres musiciens seulement : un batteur et un saxophoniste violoniste), une place qu’occupe Joseph depuis 1947.
De cela il n’en parlera jamais et ce sont les recherches à la SACEM au printemps 1991 qui permirent à Gilles Verlant de découvrir cet épisode pourtant aussi passionnant que savoureux de ses années d’apprentissage. On a du mal à imaginer pourquoi il le tut, lui qui révéla tant d’ anecdotes autrement plus salées dans sa carrière, lui qui n’hésita pas à s’afficher en travesti sur la pochette de l’album Love On The Beat en 1984, un album où plusieurs chansons tournaient autour du thème de l’homosexualité.
Serge découvre Boris Vian
/dans Biographie /par Vincent LeblancBoris Vian, le nom est lâché … « Son apparence physique intrigue, attire immédiatement le regard. Longue silhouette mince, yeux de glace gris-bleu, immense front de Martien, visage en lame », comme le décrit son biographe Philippe Boggio.
Boris Vian qui était récemment arrivé à la chanson par nécessité, par curiosité, parce qu’il n’avait pas encore abordé ce genre d’expression, lui qui avait démontré ses talents dans des domaines aussi divers que le roman (L ‘Écume des jours), le journalisme, ses innombrables chroniques sur le jazz, l’imposture J’irai cracher sur vos tombes de Vernon Sullivan soi-disant traduit de l’américain par Boris ou la fête (les fameuses soirées du Tabou en 1948-49 avec Juliette Gréco, Anne-Marie Casalis et consorts, dont il était un infatigable pilier).
Lucien Ginsburg achève sa métamorphose en Serge Gainsbourg
/dans Biographie /par Vincent LeblancAvec ses cheveux coupés ras, ses oreilles décollées, ses yeux mi-clos et sa timidité toujours aussi maladive, Lucien se ronge d’amour pour Michèle Arnaud.
Celle-ci l’appelle « Ce cher Serge », sans se douter un instant qu’il va bientôt lui apporter sur un plateau les chansons finement ciselées dont elle a tant besoin. Serge ? Eh oui, Lulu a deux pseudo : Julien Grix à la SACEM, Serge quand il fait le pianiste …
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